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Freud et ses vieilles divinités dégoûtantes

L'origine de la collection : des statues florentines aux divinités dégoûtantes

La toute première occurrence relative à l’activité de Freud comme collectionneur est repérable dans la lettre à Fliess du 6 décembre 1896.

Freud est installé au rez-de-chaussée du 19, Berggasse depuis cinq ans et lui fait part de la présence de « nouveaux hôtes d’intérieur ».

« J’ai décoré ma pièce avec des plâtres de statues florentines. Ce fut une source de réconfort pour moi. Je compte devenir riche pour renouveler mes voyages. Un congrès sur le sol italien ! (Naples, Pompéi) ». [25]

Ces moulures, répliques de statues de la Renaissance italienne sont souvent considérées comme à l’origine de sa collection. D’après Peter Gay leur acquisition aurait eu une fonction d’ersatz, de réconfort pour Freud après la mort de son père. Elles sont reliées aux souvenirs de voyages que Freud entreprit, à l'amour de l'Italie qu'il partageait avec Fliess et où il séjournera ultérieurement sans lui.

Cependant et fort à propos, Lydia Marinelli fait remarquer, d’une part, que ces plâtres ont rapidement disparu de la collection, d’autre part, que Freud dans cette même lettre est justement sur le point de rompre avec les « garanties » que donne le souvenir. Il élabore un modèle de la mémoire qui ne permet plus une correspondance directe entre souvenir et événement. Les traces de souvenirs sont réordonnées à travers des répartitions complexes, ce qui conduit Freud à l’idée que la mémoire n’est pas simplement mais multiplement disponible. La remémoration et ses souvenirs entre en contradiction avec une mémoire multiple, installée dans la durée, dont il veut poursuivre les traces et ses rejetons.

Cette même année 1896, il publie « L’étiologie de l’hystérie »[26] où il préconise, contrairement à une psychiatrie descriptive, de  remonter des symptômes à la connaissance des causes. Comme le rappelle Thérèse Réveillé, les notions de fouilles, vestiges, fragments, inscriptions effacées, archéologie structurent la totalité de ce texte où il s’exclame en latin « Saxa loquuntur ! » : les pierres parlent. A Vienne le grand chantier du Ring est tout juste terminé et l’empereur fait ouvrir des chantiers de fouilles en plein centre afin d’exhumer des vestiges de l’Empire romain.[27]

Quelques mois plus tard, alors que Freud envisage la tenue d’un congrès avec Fliess en Italie, il lui écrit le 18 août 1897 :

« Je devine ton point de vue qui cherche non pas ce qui est intéressant historiquement et culturellement, mais ce qui est beau absolument dans la coïncidence des pensées et de la forme qu’on leur donne et dans les agréables sensations élémentaires liées à l’espace et aux couleurs ». [28]

Deux ans plus tard, en août 1899, Freud est en vacances à la montagne avec sa famille. De sa villégiature, il envoie une lettre à Fliess datée du 1er août où, pour la première fois, il lui dévoile la présence d’une petite société inattendue :

« Je travaille à compléter le chapitre sur le travail du rêve dans une grande pièce tranquille du rez-de-chaussée, avec vue sur la montagne. Mes vieilles divinités dégoûtantes, pour lesquelles tu as si peu de considération, participent au travail comme presse-papiers ». [29] (Ich arbeite in einem grossen, ruhigen Parterreraum mit Bergaussicht an der Vervollständigung der Traumarbeit. Meine von Dir so wenig anerkannten alten und dreckigen Götter beteiligen sich als Manuskriptbeschwerer an der Arbeit).

Il est à noter que Masson choisit de traduire dreckig par le mot anglais grubby, ce qui signifie crasseux, sale au sens matériel du terme. Lydia Marinelli ne retient pas cette traduction, sélectionnant l’adjectif dirty, dégoûtant, obscène, avec cette connotation sexuelle totalement absente dans grubby.

Le passage de cette lettre est intéressant à plus d’un titre : dès l’introduction le lecteur apprend que Freud est plongé dans la rédaction de la Traumdeutung, aux prises avec un chapitre particulièrement spéculatif sur le travail du rêve.

A l’esthétique conventionnelle de Fliess, à l’ordre et la mesure qui caractérisent les goûts apolliniens de son interlocuteur, Freud oppose matériellement son choix pour les « rebuts » des civilisations disparues. Contrairement à une idée répandue, il ne cherche pas nécessairement ni systématiquement à faire revivre par les mots et les images les splendeurs de ces empires enfouis : les objets voués traditionnellement à la vénération des contemplateurs se voient ici réduits à l’état de presse-papiers.

La saleté qui colle à ses divinités rassemblées contamine d’un même geste l’image traditionnelle des collections d’antiquités, telle qu’elle est véhiculée par une tradition humaniste.

Pour reprendre une catégorie freudienne, le choix des mots utilisés ici est « surdéterminé ». La crasse des divinités rappelle la poussière des fouilles, la prédilection de Freud pour l’archéologie et « l’Überlebsel », littéralement « les survivances du passé ». Elle évoque également les domaines dégoûtants de la sexualité pour lesquels Freud pose les premiers fondements d’une théorie de la libido. Il en résultera durant quelques mois (du 29 décembre 1897 au 5 mars 1898) une série d’observations que leur caractère choquant, souvent scatologique, conduira Freud à consigner sur des cahiers à part de « drekkologie » et uniquement adressés à Fliess. Dans les cercles scientifiques viennois, chacun le prendrait pour un vicieux pornographe s’il exposait ses idées in statu nascendi. Les cahiers de drekkologie, de « merdologie » finiront dans la corbeille à papiers.

Le trajet qui conduit Freud de la Renaissance italienne à l’antiquité se greffe, dans le domaine théorique, à une véritable révolution, irréversible, dans le traitement de la mémoire.

Le 20 janvier 1960, Lacan n’hésitera pas à parler « des débris sur les étagères d’Anna »[30] pour qualifier la collection Freud, ce que Lydia Marinelli n’aurait peut-être pas démenti.

Le musée Freud de Londres, par contre, ne semble pas se résoudre à l’idée d’avoir hérité d’une collection de divinités crasseuses, fut-elle transmise par Freud.

Le commentaire de M. Molnar sur ce passage épistolaire est tout simplement déroutant !

« Les divinités peuvent bien avoir été crasseuses (dreckig). Mais le Seigneur n’a-t-il pas crée l’homme à partir de la poussière (Schmutz) ? Et la poussière, ne constitue-t-elle pas le matériel grossier de la nouvelle alchimie (la drekkologie), laquelle convertit la poussière en or, l’or du discours scientifique ? Une fonction,  à l’intérieur de la cosmogonie freudienne est attribuée à ces divinités minables (schäbig) pour son travail, même si c’est seulement une fonction de presse-papiers. Ultérieurement, ces objets, qui deviennent presque des membres d’honneur de la famille, devaient jouer un rôle plus important. Ils seront cajolés, admirés, probablement même salués et ils accompagneront la famille dans les années 1930 au cours de ses déménagements annuels dans la périphérie viennoise ». [31]

Référence énigmatique mais appuyée à la Bible et à l’origine de l’humanité, conversion de la poussière en or, rappel de la nature scientifique des travaux de Freud et disparition du caractère « dreckig » des divinités… Ainsi la collection retrouve-t-elle, moyennant métamorphose, ses lettres de noblesse et une place d’honneur dans la demeure de Maresfield Gardens.

Ce commentaire est extrait d’un texte de Molnar intégré au catalogue édité par Lydia Marinelli, mais là encore se creusent des écarts irréductibles entre les auteurs. L’argumentaire de M. Molnar est tout imprégné de la tradition humaniste. A la contamination, il substitue la conversion, la mutation d’un état à un autre. Progressivement deux voies et deux directions se dessinent .

Après avoir insisté sur les dimensions tactiles, sensorielles et sémantiques susceptibles de dicter les réactions de tout collectionneur face à sa collection il écrit que « le pur plaisir esthétique devant ces antiquités merveilleuses (vorzüglich) n’est pas à sous-estimer ». [32]

Lydia Marinelli, au contraire, insiste sur le fait que l’objet ne montre rien et qui plus est, rien qui donnerait une quelconque « positivité » à la psychanalyse.

« Ce que les objets exhumés rendent tangibles pour Freud ce n’est pas l’héroïsme de l’exhumation mais les couleurs détruites par leur exposition à la lumière du jour… Freud se pose ici comme propriétaire d’une collection, qui s’oppose de manière certaine au principe de la muséologie. Non seulement les passions individuelles décident de la forme de la collection, mais dans leur référence à la signification de l’éphémère, les statuettes conservent un trait anti-muséal. Ce qui n’est pas conservé chez elles les rend significatives et contredit ce à quoi aspire un musée, à savoir empêcher la dégradation ». [33]

Cette référence à la dégradation jette une lumière crue et étrange sur un sujet qui fait son apparition une vingtaine d’années après la rupture avec Fliess et dont l’importance en lien avec la collection reste difficile à définir : le cancer de Freud et sa matérialisation sous la forme d’une prothèse.



  [25] S. Freud, lettre à Fliess du 06-12-1896, in Sigmund Freud, lettres à Wilhelm Fliess, 1887-1904, Edition complète sur la base de l’édition anglaise établie par Jeffrey Moussaieff Masson [1986], Paris, P.U.F, 2006, p. 273.

 [26] S. Freud, [1896], Zur Ätiologie der Hysterie, L’étiologie de l’hystérie, in Névrose, psychose et perversion, Paris, P.U.F, 1973.

 [27] Thérèse Réveillé, Cinq ou six notes sur le Ring, in Superflux n° 4/5, novembre 2011, l’Unebévue Editeur, p. 60.

 [28] S.Freud, lettre à Fliess du 18-08-1897, op. cit., p. 333.

 [29] S.Freud, lettre à Fliess du 01-08-1899, op.cit, p. 461. Pour l’édition allemande, Briefe an Wilhelm Fliess 1887-1904, Jeffrey Moussaieff Masson (hg), Frankfurt am Main, S. Fischer Verlag, 1986, S. 399.

 [30] J. Lacan, Séminaire, l’Ethique de la psychanalyse, séance du 20-01-1960.

 [31] M.Molnar, Die Abenteuerlust des Sammlers, in catalogue de l’exposition, op. cit., p. 39.

 [32] Ibid, p. 42.

 [33] Lydia Marinelli, Introduction au catalogue, op. cit, p. 18.

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Freud et ses vieilles divinités dégoûtantes

Expositions et polémiques :

l'affaire des coupes « dérobées » et l'héritage juif de Freud

 

013Trois ans après l’inauguration du musée Freud de Londres, une première exposition itinérante est organisée aux Etats-Unis en 1989 dans la ville de Philadelphie, intitulée The SigmundFreud Antiquities : Fragments from a Buried Past, laquelle donna lieu à la production d’un imposant catalogue sous le titre Sigmund Freud and Art : His Personal Collection of Antiquities. [46] Edité par Lynn Gamwell, directrice du University Art Museum de la State University de New York à Binghampton et Richard Wells, la couverture du catalogue présente le fameux vase en forme de Sphinx, en relation directe avec une des théories centrales de la psychanalyse, à savoir le complexe d’Œdipe. On y retrouve, entre autres, un texte de Peter Gay. Cette exposition, constituée de soixante-sept pièces est entièrement et exclusivement consacrée à la collection égyptienne, grecque, romaine et étrusque et se veut avant tout « esthétique ». Elle circulera aux Etats-Unis dans douze villes différentes pendant trois ans jusqu’en 1993.

Dès 1990, une polémique éclate entre Michael Molnar, directeur du musée Freud de Londres et Yosef Hayim Yerushalmi, alors que celui-ci s’apprête à publier son livre Freud’sMoses : JudaïsmTerminable and Unterminable. [47]

014Historien de formation et citoyen américain, il se rend à l’exposition dès 1989 puis interpelle Lynn Gamwell après avoir constaté qu’aucun objet juif n’a été présenté. Dans une lettre cette dernière lui fait savoir « qu’on venait de découvrir au musée Freud de Londres divers objets, manifestement passés inaperçus jusque-là, ayant trait à l’identité juive de Freud ».

 

 

 

015Il existe en effet trois objets visibles à Maresfield Gardens : une eau-forte de Rembrandt, « Les juifs à la synagogue », une gravure de Kruger représentant Moïse soulevant les tables de la loi ainsi qu’un chandelier de Hannukah en bronze. A cela s’ajoutent deux coupes pour le Kiddush, dont les photos d’Edmund Engelman attestent l’existence en 1938 à la planche 15 et 17 mais qui n’ont jamais été retrouvées. Yerushalmi publie un  « post-scriptum provisoire » daté du 22 juillet 1990 où « il offre » dit-il « des observations pour ce qu’elles valent ».

 

 

017« En attendant, j’aimerais beaucoup savoir pourquoi les objets juifs mentionnés plus haut n’ont pas été mis à la disposition des organisateurs de l’exposition et des rédacteurs du catalogue, pourquoi ils sont « manifestement passés inaperçus jusque-là ».

Molnar se dira, à juste titre, très blessé par les propos de Yerushalmi, d’autant plus que celui-ci ne manquera pas d’insérer ce post-scriptum de trois pages au cœur de son essai, destiné au public, sur Le Moïse de Freud. Trois pages résolument délétères.[48]

 

 

018La traduction française de 1993 possède une note de bas de page, de l’éditeur, absente dans l’édition américaine originale. Cette note précise que  « tous ces objets ainsi que le reste de la collection de Freud, ont été exposés au Jewish Museum à New York, en novembre 1991. Cette exposition a donné lieu à un catalogue et à une présentation introductive en 16 pages par Yosef H. Yerushalmi, « The Purloined Kiddush Cups : Reopening the Case on Freud’s Jewish Identity ».

 

 

 

015bLe catalogue, intitulé Sigmund Freud’s Jewish Heritage sera édité par la State University de New York et le Musée Freud de Londres dès 1991.

Une recherche sur le parcours de ces objets, afin de savoir s’ils ont été utilisés par Freud pour des cérémonies rituelles ou s’ils sont de « simples » objets de collection, tel serait l’enjeu des recherches de Yerushalmi mais une lecture un peu attentive des textes confronte très vite le lecteur à une véritable affirmation, d’autant plus indiscutable qu’elle est affichée sous sa forme dénégatoire :

« Je ne prétends pas un instant qu’il utilisa ces objets aux fins pour lesquelles ils étaient destinés, pas plus qu’il rendait un culte à ses divinités égyptiennes ».

Cette forme rhétorique est tout à fait caractéristique de l’essai sur le Moïse de Freud, cela dès le prélude, rédigé le 4 juillet 1990. On peut en effet lire page 22 :

-          Ce livre ne cherche pas à prouver que la psychanalyse est « juive », même si, finalement, il aura à se demander si Freud l’a pensée telle, ce qui est une toute autre affaire.

-          Ce livre ne se veut pas une exploration de la vie ou de l’identité juive de Freud, sauf lorsque cela devient indispensable pour comprendre la signification de l’hommeMoïse et la religion monothéiste.

-          Ce livre ne se veut pas polémique, bien que j’aie été obligé de prendre directement à partie un certain nombre de chercheurs importants sur des points fondamentaux qui nous séparent.

L’essai de Yerushalmi érige une nouvelle historiographie qui divisera les chercheurs, y compris et surtout dans la communauté juive et dont Derrida dénoncera brillamment les limites dans une contribution au débat sur les archives en 1995.[49] Celui-ci soulignera le problématique statut scientifique du  Monologue avec Freud qui couvre 35 pages dans un ouvrage d’érudition où Freud, interlocuteur fantôme, se retrouve dans la situation d’être circoncis une deuxième fois, sans qu’il lui soit possible de répondre.

L’historien occuperait la position du patriarche, d’« archonte de l’archive ». Derrida reprochera surtout à Yerushalmi d’avoir négligé la force du refoulement. Que les hébreux n’aient pas rapporté le meurtre de Moïse, qui constitue une des clés de voûte de la démonstration freudienne, n’est nullement la preuve que celui-ci n’a pas eu lieu. « Simplement, ajoute Derrida, les textes de cette archive ne sont pas lisibles par l’histoire ordinaire et c’est tout l’intérêt de la psychanalyse, si elle en a un ».

Si on suit le raisonnement de Derrida il faudrait étendre le concept d’archive à la virtualité.

C’est tout le problème de Yerushalmi d’aller chercher la preuve -l’archive- de la judéité de Freud, dans une dédicace en hébreu écrite par son père, Jakob, qui établirait que Freud connaissait mieux la langue sacrée qu’il ne l’a prétendu.

C’est également à cet endroit qu’il convoque la collection d’antiquités de Freud, dans une perspective paradoxale, puisqu’il la soumet à un nouvel inventaire dont il est le grand ordonnateur, seul capable de décider ce qui en fait partie et ce qui en est exclu. Cette posture étrange contraint l’historien à aller chercher les traces de la judéité de Freud là où il n’a pourtant aucune chance de les trouver, à savoir au milieu des débris qui s’entassent sur les étagères d’Anna.

Après la mort de Yerushalmi en 2009, un hommage lui est rendu en avril 2011 au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme à Paris qui rassemble Nora, Sibony et Molnar. Ce dernier revient longuement sur «  la polémique des coupes pour le Kiddush » et mentionne que Yerushalmi avait violemment reproché au Musée de Londres de cacher délibérément la judéité de Freud. La réfutation de Molnar, apparemment candide, n’en reste pas moins déconcertante. Après avoir expliqué qu’il n’était pas conservateur du Musée à l’époque, il ajoute que la conservatrice concernée « n’aimait que les beaux objets et la période classique et que les quelques objets juifs de la collection ne sont de toute façon pas esthétiques ». [50]

La polémique entre le Musée Freud de Londres et Yerushalmi trouve un écho chez Lydia Marinelli lorsqu’elle organise son exposition  Meine… alten und dreckigen Götter au 19, Berggasse du 18 novembre 1998 au 7 avril 1999 puisqu’il s’agit avant tout, via la collection d’antiquités, de remettre en jeu les modes de construction de la réalité, de trouver les coordonnées pour un traitement autre des archives et de réintroduire ce que Yerushalmi semble avoir exclu : l’archive dans ses rapports avec la discontinuité.



 [46] Lynn Gamwell, Richard Wells, Sigmund Freud and Art : his Personal Collection of Antiquities, London, Thames and Hudson, 1989.

 [47] Yosef Hayim Yerushalmi, Freud’s Moses : Judaism Terminable and Interminable, Yale University Press, 1991, traduction française, Le Moïse de Freud, Judaïsme terminable et interminable, Paris, Tel Gallimard, 1993.

 [48] Ibid, pp. 201 – 203 dans l’édition française.

 [49] Jacques Derrida, Mal d’archive, Une impression freudienne, Paris, Galilée, 1995.

[50] Voir site akadem, Le campus numérique juif, conférences. Hommage à Y. H. Yerushalmi. Yerushalmi et ses rencontres (109mn). Michael Molnar (La polémique autour de Freud, 15mn). Pierre Nora, Nicolas Weill (modérateur), Annette Wieviorka, Paris, avril 2011.

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Freud et ses vieilles divinités dégoûtantes

Divinités dégoûtantes et divinités prothétiques : l'apparition de l'objet monstre

009En février 1923, Freud découvre du côté droit de son palais une tumeur qui doit être excisée. Trente-deux opérations suivirent cette première intervention. En août 1923, le professeur Pichler, spécialiste de chirurgie oro-faciale, entreprend une opération radicale : l’excision des maxillaires et du palais du côté infecté. Cette opération, effrayante, conditionna la fixation d’une prothèse pour obturer la cavité provoquée par l’opération et que Freud appelait « le monstre ». Pichler ne lui donne que cinq ans à vivre.

Lorsque Freud entame la « chronique la plus brève » il est déjà en sursis. Elle n’est donc pas « la plus brève » seulement par la concision des entrées, mais parce qu’elle tisse la trame d’une vie menacée à court terme. Elle dessine, pour le moins, un enchevêtrement d’évènements où se mêlent la réalisation de textes capitaux, le développement des correspondances, notamment avec les femmes, les décès, l’acquisition progressive des antiquités, les déplacements dans des centres de soins et l’évolution de la maladie. La chronique serait à lire comme une liste des listes dont l’agencement,  au-delà des faits consignés, est sans cesse modifiable par le lecteur. Si celui-ci se penche sur la fréquence des noms cités, il s’aperçoit sans surprise que celui d’Anna est le plus souvent évoqué (49 fois).

Il existe 28 occurrences pour Marie Bonaparte et 20 pour le médecin Pichler, ce qui est considérable. Le cancer de la mâchoire, les accidents cardiaques, le développement d’une surdité secondaire deviennent des évènements collectifs, provoquant la multiplication de consultations auprès de spécialistes.

010Les soins quotidiens nécessitent l’aménagement d’un petit local d’infirmerie personnel, que le jeune Engelmann photographie en 1938.

Le plus étonnant n’est pas l’existence de ce local, dictée par la nécessité, mais bien le choix de son emplacement à Vienne : contigu au cabinet de consultation de Freud, dans une proximité frappante avec le travail, la collection d’antiquités et le divan. Cette disposition témoigne de la place centrale occupée par la maladie. L’objet prothèse nécessite des soins à renouveler dans la mise en place quotidienne et compliquée de ce corps étranger. L’organisation des rendez-vous et des déplacements autour de cet objet apparemment « hors série » ne semble pas interroger Rita Ransohoff, pourtant chargée, en 1976, de commenter les planches 19a et 19b du photographe.

011Elle écrit : Planche 19a

« La porte d’entrée du cabinet du psychanalyste. L’itinéraire d’Engelmann autour de la pièce nous ramène à la porte d’entrée. Derrière nous, à droite, se trouvent le divan et le fauteuil de Freud. A côté de l’entrée, une porte discrète, recouverte du même papier sombre que le mur.

Ceux des patients qui ne voulaient pas être vus l’empruntaient pour sortir, afin de ne pas repasser par la salle d’attente ».

Planche 19b

« Le cabinet médical personnel de Freud.

La même porte menait aussi au cabinet médical personnel de Freud où son médecin, Max Schur, venait chaque jour l’examiner et soigner son cancer de la mâchoire qui était apparu pour la première fois en 1923. Freud subit une trentaine d’interventions chirurgicales et dut porter une prothèse douloureuse, incommode, et qui le gênait pour parler ». [34]

En 1927 et 1928, les ressorts de la prothèse occasionnaient des blessures incessantes. Pour cette raison le stomatologue berlinois Schröder organisa le séjour de Freud au Schloss Tegel de Berlin en mai 1930 et envisagea la pose d’une toute nouvelle prothèse. Initialement le séjour est prévu pour une période de trois semaines. Il durera en réalité trois mois, du 05 mai au 27 juillet car Schröder est incapable de tenir les délais.

Le Schloss Tegel est un centre de soins créé en 1927 par Ernst Simmel sur le modèle des grandes cliniques de l’époque comme Bellevue ou le Burghölzli et devint un des hauts lieux de l’introduction des méthodes freudiennes dans le traitement des toxicomanies, de l’alcoolisme et des névroses graves. Vingt-cinq patients y furent soignés entre 1927 et 1930, dont Freud. En dépit de tous les efforts de la communauté freudienne, la clinique dut fermer ses portes en raison de problèmes financiers. Freud offrit à Simmel un des anneaux du Comité Secret.

Pendant cette hospitalisation, il est tenu de réduire considérablement sa consommation de tabac.

Deux jours seulement après son arrivée à Berlin il se rend chez l’antiquaire.

Mercredi 07 mai, Lederer 1re visite

Le vendredi 9 mai, il adresse un courrier à sa famille où s’exprime très clairement l’intrication des deux dépendances vis-à-vis du tabac et des antiquités.

« Seuls les cigares me manquent. Quoi que je fasse échoue. Boire du vin, écrire des lettres, manger des dattes : rien ne les remplace. Les antiquités ont pu être un remède, mais on ne peut pas en acheter indéfiniment ». [35]

L’année suivante, comme le souligne Jones, l’infernale prothèse s’avérait toujours insatisfaisante. Marie Bonaparte et Ruth Mac Brunswick contactent un dentiste arménien réputé de Boston, le docteur Kazanjian.

« Il demanda des honoraires de 6000 dollars pour ce voyage. Il travailla sur sa prothèse pendant vingt jours, mais le résultat fut loin d’être satisfaisant Ces dames avaient eu les meilleures intentions du monde mais les conséquences de leur démarche s’avérèrent malheureuses pour les finances des éditions ». [36]

L’obtention du prix Goethe, l’année précédente, avait modifié l’attitude du public à l’égard de Freud, mais celui- ci désirait avant tout une prothèse « qui n’exigerait pas d’être la principale préoccupation d’une existence ». [37]

Michael Molnar fait remarquer qu’un écho de ce thème se glisse dans la 2ème édition de son texte « Malaise dans la culture » lorsque Freud évoque que l’homme est devenu pour ainsi dire « un dieu prothétique, vraiment grandiose quand il revêt tous ses organes auxiliaires ;mais ceux-ci ne font pas corps avec lui et ils lui donnent à l’occasion beaucoup de mal ». [38]

Dans la chronique, l’année 1931 se caractérise par une chute sensible des entrées relatives aux achats d’antiquités au regard de l’année précédente et par l’irruption des occurrences ayant trait aux douleurs et aux interventions médicales.

Mercredi 14 / jeudi15 janvier, douleurs périostite la nuit.

Mardi 20 janvier, radios chez le Dr Pressler

Samedi 07 février, électrocution chez Pichler

Mercredi 11 février, tétanie

Mercredi 11 février, S.Zweig. La guérison par l’esprit.

Mardi 14 avril, consultation Pichler

Mardi 22 avril, consultation Holzknecht

Jeudi 24 avril, Auersperg opération

Suite à la consultation avec Holzknecht, éminent radiologue, Freud se soumit à une dixième opération de son cancer à la clinique de Auersperg à Vienne. Comme beaucoup de pionniers de la radiologie, Holzknecht était atteint d’un cancer dû à une trop grande exposition aux rayons et il était en attente d’une vingt-cinquième opération lorsqu’il reçu Freud. Holzknecht était également membre de l’Association Psychanalytique de Vienne.

Le rapport du spécialiste Jacob Erdheim sur la tumeur de Freud constituait, selon Max Schur, « un chef-d’œuvre d’examen pathologique ».

Vendredi 31 juillet, dentiste arménien de Boston

Samedi 1er août, nouvelle prothèse Kazanjian

Vendredi 07 août, Dr Stein à cause saignements de nez

Lundi 10 août, travail Kazanjian commencé

Samedi 29 août, départ Kazanjian. Nouvelle prothèse

 

Dans cet inventaire des douleurs et des interventions sur le corps malade l’entrée du 11 février est double :

Mercredi 11 février, Tétanie.

Mercredi 11 février, S. Zweig. La guérison par l’esprit…

D’après Pichler, qui tenait des notes extrêmement détaillées, la crise de tétanie était liée à la douleur provoquée par l’insertion de la prothèse lors d’un soin.

Le même jour, Freud reçoit le dernier livre de Stefan Zweig : La guérison par l’esprit. Dans cet essai audacieux, Zweig retrace l’histoire des psychothérapies depuis Mesmer dont il fait l’ancêtre de la psychanalyse. Ultérieurement, Freud exprimera son agacement envers Zweig qui le fait apparaître au public en compagnie de Mesmer. Le 17 février, une semaine après la réception du livre, il est ainsi amené à rectifier, dans une lettre à l’auteur, ce qui lui parait erroné dans cet essai. Curieusement, la contestation ne portera pas explicitement sur la présentation de l’œuvre freudienne, mais sur le portrait de la personne Freud. Ce sont vraisemblablement les dernières lignes du  «  portrait caractérologique » qui provoquent scepticisme et désapprobation lorsque Zweig le présente comme  « génie de la sobriété, qui aime manifester ce qui, en son être, est sobre et non ce qui est génial », chez qui « seule apparaît d’abord la mesure, le démesuré se révélant plus tard en profondeur ».[39] La réponse de Freud est sans équivoque.

« … Je m’empresse d’exprimer ma satisfaction de ce que vous ayez reconnu les traits les plus marquants de mon cas. Notamment en ce qui concerne les résultats obtenus moins grâce à l’intelligence qu’au caractère. C’est le centre de votre conception et c’est bien ce que je crois moi-même. Sans cela je pourrais m’élever contre le fait que vous mettiez l’accent sur l’élément petit-bourgeois de ma personne ; le lascar (Kerl) est tout de même un peu plus compliqué. Votre description ne s’accorde pas avec le fait que j’ai eu, moi aussi, mes céphalées et mes états de fatigue, comme tout le monde, que j’ai été un fumeur passionné ( je voudrais l’être encore) qui attribuait au cigare le rôle le plus important dans la maîtrise de soi-même et dans la ténacité au travail ». [40]

 

Lorsque Zweig publie cette esquisse biographique, Freud lui fait savoir que les attributs traditionnels du bourgeois correct, à savoir le cigare (mais on peut ajouter la collection d’antiquités) sont chez lui en quelque sorte dénaturés, altérés par le rapport étroit, multiple et complexe qu’ils entretiennent avec son travail. Pendant la guerre, en pleine pénurie de denrées alimentaires, (Lebensmittel, littéralement, moyens de subsistance), Freud comptait sur son ami Eitingon pour lui faire parvenir d’Allemagne de l’Arbeitsmittel, de l’activateur de travail, néologisme pour désigner le tabac.

La réponse de Freud à Zweig entre en résonance certaine avec une lettre adressée huit ans plus tôt à Lou Andreas Salomé, quelques jours seulement après sa première opération de la mâchoire. En quelques mots il désigne le costume que l’entourage familial et médical a taillé pour lui.

« Mais ainsi, je peux vous apprendre que je peux de nouveau parler, mâcher et travailler, je suis même autorisé à fumer, d’une manière certes mesurée, prudente, pour ainsi dire de petit-bourgeois. Le médecin de famille m’a même offert un fume-cigare pour mon anniversaire qui, du reste, a été fêté, comme si j’étais une diva d’opérette ou comme si c’était le dernier de la liste. Le pronostic, même après l’opération est bon. Vous savez  que cela signifie une éclaircie minime dans l’incertitude qui plane sur de telles années ». [41]

Sobriété, prudence, mesure, tels sont les traits que l’iconographie essentiellement anglaise et allemande continue de servir sans fléchir dans les musées, les expositions et les rétrospectives quel que soit le média. En 1976, le livre publié pour la première fois dans sa version originale, en allemand, par Ernst, Lucie Freud et Ilse Grubrich – Simitis sous le titre : Sigmund Freud , sein Leben in Bildern und Texten est à ce titre assez édifiant.[42] Il regroupe chronologiquement un matériel d’images et de documents, suivant une sélection savante d’extraits puisés dans la correspondance de Freud ou d’allusions autobiographiques. Le choix des images, les passages de lettres et les commentaires sélectionnés renvoient immanquablement le lecteur à l’album de famille propre et présentable. Sobriété, prudence et mesure à toutes les pages.

Un autre choix aurait pu mettre en évidence, par exemple, que la relation entre Freud et Fliess ne résistera pas longtemps à l’injonction de modération et de prudence infligée par le médecin berlinois à son ami lorsqu’il s’agira de faire plier le lascar... De 1893 jusqu’en 1896 Fliess n’aura de cesse de lui imposer son goût pour les sculptures florentines et ses références un peu molles à l’art Renaissance, de l’inviter à la tempérance puis de le contraindre à l’abstinence totale de son « Arbeitsmittel ». Cependant, dès le 12 juin 1895, Freud lui écrit que c’est bientôt peine perdue.

« J’ai recommencé (à fumer) parce que cela continuait à me manquer (après 14 mois d’abstinence) et parce qu’il faut traiter bien le lascar psychique (psychischen Kerl), sinon il ne travaille pas pour moi. Je lui demande vraiment beaucoup. Ce tourment est le plus souvent surhumain ». [43]

Après la lettre du 04 décembre 1896 celui-ci ne fera plus jamais aucune allusion au tabac et à sa consommation. La désormais très célèbre lettre du 06 décembre 1996 qui lui fait suite anticipe déjà la rupture entre les deux hommes. La mise en réserve de la question du tabac inaugure une période féconde en découvertes théoriques, notamment en ce qui concerne la trace mnésique. S’il fallait apporter une preuve supplémentaire de l’étrange intrication entre la passion du fumeur et celle du collectionneur, cette lettre constitue également la toute première occurrence à l’émergence d’une petite collection qui ne cessera de se diversifier, de sortir des rails et de s’amplifier jusqu’à l’extravagance laissant loin derrière elle les références convenues à l’art italien si chères à Fliess.

Il existe sans doute un trait de génie chez Freud à considérer ses deux passions comme des penchants personnels, des « activateurs de travail » et à les écarter de toute investigation psychanalytique. Cette part « d’inanalysé » trouvera preneur à la rubrique très convoitée de la psychologie du collectionneur ou de la psychanalyse du fumeur. Il ne manquera pas de textes freudo-lacaniens pour souligner que «  l’addiction » (sic !) au tabac a mené Freud à la destruction et à la mort, « dans une volonté d’aveuglement qui mérite d’être interrogée ». [44] Ces initiatives sont d’autant plus discutables qu’elles soumettent autoritairement « l’inanalysé » à une grille interprétative sans l’avis du propriétaire. Décliner le désir ardent de fumer chez Freud en terme  « d’équivalent masturbatoire » ou celui de collectionner en terme de  « sublimation de tendances érotiques anales » sans même toujours les mettre en rapport ou en les isolant de l’environnement, des réseaux collectifs et de leur « conditions de possibilités », voilà ce qui pourrait peut-être participer d’une volonté d’aveuglement concertée.

Parallèlement, la prothèse reste un « objet à part » dans l’iconographie freudienne et elle est tout juste évoquée dans « l’album de famille » édité par I. Grubrich-Simitis.

Le livre consacre 35 pages à un chapitre intitulé : l’extension de la psychanalyse ; la maladie : 1923-1932. Cependant, il n’existe que trois brèves occurrences ayant trait à la maladie et à sa matérialisation. Le diagnostic de cancer est simplement mentionné p. 247. Cette évocation est précédée par la publication de deux photos recadrées présentant Pichler le chirurgien et Schur le médecin de famille. Est également sélectionné le passage d’une lettre de Freud à Lou Andreas Salomé, du 08 mai 1930 dans laquelle il évoque qu’il est à Berlin au sanatorium de Tegel où le chirurgien Schröder met au point une nouvelle prothèse.

Dans l’iconographie freudienne, la maladie de Freud, concrétisée par le « monstre », continue de subir un traitement isomorphe à celui des objets de la collection, réduite à sa forme « élégantissime » et dont l’intrication avec le tabac comme « Arbeitsmittel » est rapidement mentionnée. Un traitement soigné, incroyablement désincarné, sans aucun rapport avec une réalité du vivant pourtant présente dans la chronique, notamment en 1939, dans ce qu’elle a parfois de plus repoussant.

Mercredi 12 juillet, Schur revenu

Pour cette entrée, Molnar mentionne les impressions du médecin sur l’état de santé de Freud.

« J’arrivai à Londres le 08 juillet 1939… Sur la pommette droite, la peau était légèrement décolorée. Il avait perdu presque toute sa barbe du côté droit par suite des radiothérapies. Dans la zone de la dernière lésion, il y avait du tissu nécrosé et fétide ».

Mardi 1er août, Abandon de la pratique                                              

Les archives mentionnent une grave défaillance cardiaque le mois précédent mais l’abandon de la pratique est surtout liée à une dimension que les biographes répugnent à mettre en avant : l’odeur pestilentielle qui émanait de la bouche de Freud, due à une nécrose osseuse, et qui devenait de plus en plus insupportable.

La chronique se termine le 25 août 1939. La dernière note consignée par Freud tient en trois mots : Panique de guerre…

Le 03 septembre la guerre est déclarée

Le 23 Septembre Schur fait une double injection de morphine à Freud qui s’éteint à 3 heures du matin.

Dans le post-scriptum qui clôt la chronique on peut lire :

« Au cours du mois de septembre, l’état de santé de Freud empira progressivement. Des infections secondaires putrides creusèrent sa joue jusqu’à former un trou. L’odeur des tissus atteints chassait Lün, son chow-chow préféré… ».[45]

Lors de ses derniers jours, son lit fut installé en bas, dans le bureau, au milieu des antiquités, où Anna s’installa elle-même nuit et jour pour lui assurer une présence permanente.

012Après que Freud ait passé une partie de son existence à accueillir des objets exhumés, c’est un cratère grec, offert par Marie Bonaparte en 1931 qui va recueillir ce qui reste de lui. Freud sera incinéré au crématorium de Golders Green le 26 Septembre. Après une intervention en anglais de Jones c’est Stefan Zweig, en allemand, qui prononcera l’oraison funèbre.



 [34] Rita Ransohoff, Légende des photographies,  in Edmund Engelman, Berggasse 19, op. cit. , version française, p. 35.

 [35] S.Freud/ Meine Lieben, lettre du 09-05-1930, musée Freud de Londres, texte original in Sigmund Freud, Chronique la plus brève, notes et références, p. 276.

 [36] E. Jones, La vie et l’œuvre de Sigmund Freud, volume III, op. cit. , p. 184.

 [37] Ibid, p. 185.

 [38] S. Freud, [1930], Das Unbehagen in der Kultur, Le malaise dans la culture, Paris, P.U.F, 1995, p. 35.

 [39] Stefan Zweig [1931], Die Heilung durch den Geist : Mesmer, Mary Baker, Sigmund Freud, en français : Sigmund Freud, la guérison par l’esprit, Paris, Le Livre de Poche, 1932, 1999, pp. 46-56.

 [40] S.Freud/ S. Zweig, lettre du 17-02-1931, in Correspondance, Paris, Rivages, 1991.

[41] Lou Andreas-Salomé, lettre de S. Freud du 10-05-1923, in Correspondance avec Sigmund Freud, Paris, Gallimard, 1970.

 [42] Ernst Freud, Lucie Freud, Ilse Grubrich-Simitis, Sigmund Freud : sein Leben in Texten und Bildern, Suhrkamp Verlag, Frankfurt am Main, 1976, traduction française, Sigmund Freud , Lieux, visages, objets, Paris, Gallimard, 1979, 2006.

 [43] S. Freud, lettre à Fliess du 12-06-1895, op. cit, p171.

 [44] Voir notamment la quatrième de couverture et les chapitres 19 à 22 du livre de Philippe Grimberg, Pas de fumée sans Freud, Psychanalyse du fumeur, Paris, Fayard/Pluriel, 2010.

 [45] S.Freud, Chronique la plus brève, op. cit. , p. 264.

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